Depuis quelques années, la qualité de vie au travail s’impose dans les mentalités. Nombreuses sont les entreprises intégrant dans leurs plans annuels des démarches visant à améliorer le bien-être des salariés au quotidien (dites démarches QVT).
L’attractivité et le dynamisme des start-ups et grands noms du high-tech n’y sont pas étranger.
Qui n’a jamais entendu parler de Google et de sa cantine gratuite, de ses salles de fitness ou de relaxation ? Si la Qualité de vie au travail (QVT) est désormais sur toutes les lèvres, elle ne se limite pourtant pas à mettre à disposition des salariés un baby-foot ou des confiseries.
Plus qu’une tendance, la qualité de vie au travail est un enjeu de compétitivité. Alors que pour 54% des salariés et 66% des managers, le stress est une réalité quotidienne, la QVT s’impose comme le garde-fou de la santé des collaborateurs et… de leurs performances.
Rôle du manager, nouveaux espaces et modes de travail, intégration des jeunes génération, quête de sens, innovation collective, quel est le visage de la QVT en 2018 ?
La qualité de vie au travail : définition d’un concept ancien
Si l’intérêt pour la QVT peut paraître relativement récent, son existence ne date pourtant pas d’hier. La création de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) en 1973 constitue ainsi une date charnière à partir de laquelle a commencé à s’opérer un changement de paradigme.
Si protéger la santé physique des salariés est bien sûr toujours d’actualité, les mentalités ont évolué pour intégrer la protection de la santé psychique. La prévention des risques psychosociaux ou RPS en est l’héritière directe.
Dorénavant, la qualité de vie au travail concerne l’ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille, et l’ensemble des salariés, quelles que soient leur fonction et attributions.
La Qualité de vie au travail (QVT) : un concept en accord avec son temps ?
Si le management bienveillant est devenu un argument de la marque employeur, il semblerait pourtant que les paroles ne soient pas toujours suivies par des actes concrets. Une étude de Kantar TNS pour l’Anact révèle d’ailleurs que sur 61% des entreprises ayant entamé des initiatives pour la QVT, seules 32% d’entre elles les ont bien activées.
Et les raisons sont multiples : défaut de formation des managers, méconnaissance des modes de travail contemporains, résistance à la transformation numérique…
2018 s’affiche comme une année cruciale pour le bien-être des salariés et la survie des entreprises. Cruciale mais également motivante.
Les enjeux majeurs de la QVT en 2018 se cristallisent donc autour :
- Du rôle du manager
- Des espaces de travail
- Du sens même du travail
- Des nouveaux modes de travail
- De la collaboration
Le management au coeur de la qualité de vie au travail (QVT)
« Un management de qualité, ça s’apprend ? ». Telle fut la thématique de la dernière Semaine pour la Qualité de Vie au Travail qui s’est tenue dans toute la France en octobre dernier.
Rien d’étonnant lorsque l’on sait que l’un des 4 sujets d’inquiétude majeure des Français au travail est le stress et le burn-out. 66% d’entre eux ne se considèrent pas protégés du stress et 61% du burn-out. Finalement, ce sont au global 56% des Français qui s’inquiètent des maladies professionnelles. Et le sujet touche tous les milieux : grandes entreprises, start-ups, hôpitaux et même… les dirigeants.

Le management : point de convergence de la QVT
Pourtant, la recrudescence des risques psychosociaux et l’inadaptation du management aux aspirations des salariés et au travail moderne sont loin d’être insolubles. La formation initiale des étudiants et la formation continue des managers en activité y révèlent toute leur importance. Les managers eux-mêmes reconnaissent à 48% ne pas être assez formés au management. Les étudiants ne sont pas en reste puisque 36% d’entre eux estiment manquer de connaissances. Une mise à jour des formations en école et dans les organismes de formation apparaît alors comme absolument incontournable.
Les espaces de travail : des lieux à réinventer
Un salarié passe près d’un tiers de son temps sur son lieu de travail. Faire profiter à ses collaborateurs d’un espace agréable et adapté n’est donc pas une coquetterie. Bien au contraire !
Si l’open space a longtemps fait l’objet de fantasmes, le désamour des Français à son égard est, quant à lui, bien ancré dans le réel. Ainsi, près d’un salarié sur deux serait prêt à troquer son bureau en espace commun pour un bureau individuel.
Pourtant, un juste milieu existe entre espaces bruyants et impersonnels et bureaux cloisonnés. Au même titre que la domotique facilite la maison au quotidien, la technologie doit pouvoir se mettre au service du lieu de travail.

Tiers lieu : le bureau 2.0 ?
C’est tout l’enjeu du Smart Office dont l’ambition est de rendre ces espaces plus intelligents. Et les atouts pour les salariés et l’entreprise sont multiples :
- Gestion des salles de réunion et diminution du “no show” (absence lors de réunions programmées),
- Géolocalisation indoor,
- Réseau social interne,
- Etc.
Chez CoWork.io, nous observons directement les bénéfices d’une bonne gestion des espaces de travail partagés chez nos clients avec une amélioration du bien-être des collaborateurs et un meilleur engagement au sein de ces espaces.
Le succès des tiers lieux démontrent également la nécessité de repenser le lieu de travail pour améliorer le bien-être des salariés mais aussi pour favoriser l’innovation. Espaces de coworking, centres d’affaire ou fab labs font ainsi se rencontrer des collaborateurs aux compétences variées qui n’auraient pas été amenés à partager leur expertise dans un cadre classique.
Et ce n’est pas tout. Si ces lieux sont de véritables réservoirs d’idées, ils constituent aussi un levier d’attraction et de fidélisation des millennials et de la génération Z.
Redonner du sens au travail
Vous pensiez que l’absurdité des tâches auxquelles le malheureux Charlie Chaplin était soumis dans les Temps Modernes était de l’histoire ancienne ? Si le travail à la chaîne tel qu’il y était représenté appartient au passé, la quête de sens des salariés est bel et bien d’actualité. 56% des salariés français estiment d’ailleurs que le sens même de leur travail s’est dégradé.
Si cette quête pouvait passer pour une fantaisie de doux rêveur il y a encore quelques années, on constate aujourd’hui que l’absence de sens a des répercussions considérables sur la productivité.
A tel point que ce mal possède sa propre terminologie : le “brown-out”. Celui-ci se caractérise par une baisse de tension et d’attention globale au travail et une sensation de vide. Il est le fruit d’une prise de conscience du salarié quant au non sens des tâches qui lui sont attribuées. Loin d’être un coup de mou passagé, le brown-out s’inscrit dans la durée jusqu’à investir le domaine familial.
Ici aussi, le rôle des managers est fondamental. Il leur incombera de prendre du recul sur les missions de chaque salarié et d’être capables d’y réinjecter du sens lorsque c’est nécessaire. L’objectif final étant pour les collaborateurs d’avoir la conviction de travailler à un projet commun concret, avec des objectifs définis, un but précis, des échéances claires et finalement… de savoir pourquoi ils se lèvent le matin.
Intégrer les nouveaux modes de travail à son organisation
C’est un fait. Notre quotidien n’a plus grand chose à voir avec celui de nos aînés. Nous sommes joignables à tout moment depuis presque n’importe quel endroit du monde, nous embarquons des milliers de titres musicaux dans notre poche, nous pouvons réserver un séjour à Bali en à peine 10 minutes depuis notre canapé ou capturer des rongeurs jaunes donnant des convulsions au coin de la rue…
Si le numérique a également investi le monde du travail depuis au moins un quart de siècle, la liberté qu’offrent Internet et un ordinateur a encore bien du mal à passer la porte du bureau. Pourtant, bon nombre de tâches ne requiert plus la présence du salarié sur son lieu de travail, le gratifiant ainsi d’un trajet à l’issue parfois incertaine (qui a dit Ligne 13 ?).
Le télétravail peine à s’imposer dans les esprits et les vieux démons du “pointage” entraînent un manque de confiance des RH et du management vis-à-vis de collaborateurs qu’ils ont eux-mêmes recruté.

Le télétravail : bonheur et performance
Les Français, eux, ne cachent pas leur intérêt pour le télétravail qui leur permettrait de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle, de profiter d’un cadre de travail plus agréable et de passer moins de temps dans les transports. Difficile de croire qu’un salarié moins fatigué, moins stressé et plus heureux soit moins productif.
Sans pour autant opter pour des mesures radicales, une évolution progressive vers le télétravail (au 4/5ème par exemple) permet d’entamer une transition inévitable vers un mode de fonctionnement adopté depuis longtemps par les entreprises de la tech.
Et le travail collaboratif dans tout ça ?
L’ère du cloisonnement des savoirs arrive à son terme. L’exigence d’horizontalité des millennials et de la génération Z ainsi que la course à l’innovation en sont les causes directes.
Replacer le salarié au coeur du processus de création et faire se rencontrer les talents est l’un des meilleurs vecteurs d’idées neuves. L’intelligence collective doit donc être sollicitée à chaque étape du processus de création. Au-delà de la compétitivité, c’est également la fidélisation des employés qui est en jeu et donc la marque employeur. Un gain sur tous les tableaux.
En 2018, la question n’est donc plus de savoir s’il faut entamer une démarche QVT mais comment on souhaite la mettre en oeuvre.
Elle est une des réponses les plus crédibles au mal-être croissant des salariés et aux aspirations des jeunes générations qu’un rythme de vie équilibré et une reconnaissance de la qualité de son travail font davantage rêver qu’une forte rémunération.
Au fond, ne dit-on pas que quand les salariés sont malades, c’est l’entreprise qui est malade ?