Indépendant, jeune, attiré par les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat, désireux de donner à son travail un sens plus profond que celui du simple profit : difficile de mettre le coworker de 2015 dans une case. D’autant que le cotravail séduit aujourd’hui de nouveaux profils.
A quoi ressemble le coworker en 2015 ? Est-ce un artiste bobo adepte du non-marchand et des sachets de thé équitables ? Un développeur livide et no-life capable de pondre 10 000 lignes de codes en une nuit ? Un jeune requin entrepreneur à la recherche d’un business-plan juteux ? Loin des clichés, Cowork.io a tiré le portrait des adeptes du coworking en 2015.
Il n’y a pas de coworker “type”
Avant même de commencer à décrire le profil type du coworker, il n’est pas inutile de rappeler une évidence : au-delà des cases forcément réductrices listées ci-dessous, l’étude de Deskmag commandée en 2011 sur les tendances mondiales du secteur montre que les frontières qui séparent les activités des coworkers sont extrêmement poreuses. Être coworker, c’est d’abord être multi-carte : avoir dans sa trousse à outils professionnelle une variété de compétences très vaste et être capable de les partager avec les membres de sa communauté.
L’étude de Deskmag, désormais obsolète, dégage néanmoins quelques grandes tendances toujours valables aujourd’hui : le coworker est jeune (en moyenne, 34 ans en 2011). Deux tiers sont des hommes (un tiers de femme) et plus de la moitié d’entre eux sont des freelances.
Le coworker “techno-addict”
Le coworker n’échappe pas à ses origines. Né autour du hacking au milieu des années 1990 à Berlin, puis à San Fransisco, tout près de la Silicon Valley, le coworker ne se contente pas de développer une forme de dépendance vis-à-vis des nouvelles technologies. C’est un créateur de nouveaux usages, un des piliers de la nouvelle économie numérique. Nombre de coworkers sont programmeurs, développeurs web, spécialistes en SEO et webmarketing. Beaucoup de centres de coworking ont d’ailleurs capitalisé sur ce constat pour bâtir sur mesure des lieux destinés à cette clientèle. C’est le cas de la Cantine à Paris, par exemple.
Le coworker “entrepreneur”
Autre caractéristique marquante du coworker : sa propension à créer son propre business. Nombreux sont les coworkers à être diplômés d’une école de commerce. Le centre de coworking joue alors le rôle d’accélérateur pour de jeunes startupers prometteurs, désireux de développer un site, une application ou un nouveau service numérique. Espaces de coworking, incubateurs et accélérateurs font d’ailleurs partie du même écosystème économique : celui des start-ups liées aux nouvelles technologies. Initiative, créativité, et ambition sont les maîtres mots de ces coworkers désireux de créer leur entreprises.
Le coworker “relationnel”
Le coworking attire également une multitude de professions exercées en freelance : consulting, formation, communication, relations presse, journalisme, etc. D’habitude cantonnés à leur domicile lorsque le coworking n’existait pas, ces travailleurs indépendants ont très vite saisi l’intérêt du cotravail : développer leur réseau, facteur déterminant lorsque l’on exerce un métier centré autour du relationnel.
Le coworker “artiste”
Autre type de travailleurs indépendants adeptes du coworking : les professions “artistiques”. Le cotravail a d’abord attiré les métiers liés aux nouvelles technologies : les graphistes et web designers — 10% des coworkers se définissent comme tels. Aujourd’hui, les centres de coworking voient arriver des architectes, des urbanistes, voire des paysagistes pour les espaces situés dans des zones plus rurales. Le coworking offre à ces artistes bobos assumés un environnement de travail très créatif, dans lequel l’émulation intellectuelle et collective est une valeur fondamentale.
Le coworker “associatif” et “écolo”
Le milieu associatif fait partie des nouveaux publics attirés par les centres de coworking. Dans les secteurs du développement durable, de l’écologie, de l’environnement, et de l’économie sociale et solidaire, les valeurs du coworking sont appréciées pour la place importante qu’elles donnent au partage de compétences et à la valorisation des activités non-marchandes. On trouve souvent les coworkers associatifs dans les espaces de travail fondés par une collectivité publique.
Les coworkers de demain
Le coworking n’attire pas que les travailleurs indépendants. De plus en plus d’entreprises sont intéressées par le concept. Nombreux sont les salariés détachés à travailler de chez eux. Dans les villes où le temps de déplacement s’allonge, les entreprises suivent avec intérêt le développement du télé-travail. Les centres de coworking séduisent aujourd’hui des cadres désireux de rapprocher domicile et lieu de travail. Selon l’étude de Deskmag, la proximité est l’un des avantages les plus souvent cités par les coworkers : en 2011, 75 % d’entre eux habitaient à moins de dix kilomètres de leur espace de travail, et la moitié à moins de cinq kilomètres.
Le coworker est-il forcément un hipster ?
Le cliché est tenace : le coworker est un barbu aux fripes sales et trouées, aimant le commerce équitable, le vélo, la diversité, les produits Apple et accessoirement, l’argent, dont il semble ne jamais manquer et toujours se moquer. En un mot : un hipster.
Dans la réalité, rien n’est plus faux. La liste ci-dessus montre que si certains coworkers peuvent rentrer dans cette case (et l’image que s’en fait le commun des mortels est bien éloignée du réel), la diversité des profils attirés aujourd’hui par le coworking est bien plus vaste que le concept assez flou de hipster.