Le Chief happiness officer est un de ces nouveaux métiers venus de la Silicon Valley qui se développe en France depuis quelques années. Ce métier fait parler de lui, mais est-ce un simple coup marketing ou une réelle tendance de fond ? On vous en dit plus sur ses fonctions, sa mission et le futur qui lui est réservé grâce Olivier Toussaint, président du Club des CHO.
Qu’est-ce qu’un Chief Happiness Officer ?
Le CHO manage le bonheur dans l’entreprise. On l’appelle aussi “feel good manager” ou encore “responsable de l’expérience salarié”. Ce concept a vu le jour dans les années 2000 avec Chade-Meng Tan, ingénieur chez Google, qui s’est concentré sur le bien-être et le développement des personnes dans l’entreprise. Il a inventé la fonction de “Jolly good fellow” (bon camarade), encore une autre appellation pour CHO.
Depuis, le métier s’est largement répandu, d’abord dans les startups digitales puis au fur et à mesure dans tous types d’entreprises des secteurs traditionnels. Aujourd’hui, ils sont à peu près 200 en France à s’intituler CHO en entreprise. Cependant, la fiche de poste est difficile à définir, car ce n’est pas encore un métier qui s’apprend ou un profil particulier qui se dessine. Le CHO se situe au carrefour des Ressources Humaines, de la communication, de l’événementiel et du management. Il doit donc être muni de certaines qualités humaines comme l’écoute, la convivialité, l’altruisme ou encore le sens de l’organisation.
Miser sur le bien-être au travail
Le CHO est un métier en vogue qui connaît un grand engouement. En effet, il n’est plus à prouver qu’un salarié heureux est un salarié qui s’implique davantage et qui est plus productif. En outre, investir dans le bien-être des salariés permet d’avoir une meilleure réputation et d’améliorer sa marque employeur. Voilà pourquoi la mission du CHO est d’augmenter la motivation des salariés en leur procurant un cadre de travail plus agréable et où ils seront plus heureux.
Pour faire grandir le bien-être dans l’entreprise, le CHO réaménage les bureaux, organise des événements ou encore apporte une oreille attentive aux collaborateurs. Il mise sur de nouvelles méthodes de travail comme le Flex Office qui permet aux salariés d’être des travailleurs nomades ou encore le Smart Office qui propose un bureau connecté et innovant.
Ces nouvelles méthodes de travail sont liées à la technologie. Le CHO s’appuie sur une boîte à outils de solutions digitales et de services innovants pour animer l’espace et développer le bien-être des salariés. Cela permet d’avoir une expérience salarié connectée au digital aussi performante que dans la sphère personnelle. Par exemple, en élaborant un réseau social interne pour communiquer sur les cours de yoga, les ateliers de cuisine ou tout autre événement organisé pour les salariés. Ou encore, en créant une conciergerie d’entreprise qui propose une multitude de services sur une application au salarié comme la livraison d’un panier bio, le pressing, la garde d’enfants, etc.
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Rencontre avec Olivier Toussaint, un expert des CHO
Vous l’aurez compris, être chief happiness officer est un vaste mot. Pour en savoir plus sur ce métier, son apport à l’entreprise ou encore sur l’effet de mode qu’il a suscité, nous avons posé nos questions à Olivier Toussaint, président et chef d’orchestre du Club des CHO.
Pourquoi avoir eu besoin de créer un Club des CHO ?
La qualité de vie au travail est au cœur de l’innovation et l’entreprise d’aujourd’hui en perpétuelle mutation, pourtant nous n’avions identifié aucun réseau, aucun think tank sur le sujet. Il était grand temps de régler ce problème ! Nous avons donc créé le Club des CHO, une initiative visant à réunir les acteurs du bien-être et de la qualité de vie au travail lors d’événements (ateliers, conférences, …) dédiés.
Quelles sont les missions d’un CHO ?
Voici quelques-unes des casquettes du CHO, en vérité ce nouveau métier est tellement lié à la culture de l’entreprise, qu’il existe aujourd’hui quasiment autant de CHO que d’entreprises !
- La première casquette est celle que l’on voit habituellement dans les reportages et consiste à mettre à la disposition du collaborateur des outils, services ou encore des événements visant à renforcer son confort, son plaisir et son bien-être.
- La seconde partie de son travail (pour moi la plus importante) consiste à libérer la parole du collaborateur (toute hiérarchie confondue) et à faire circuler l’information. Le CHO a un rôle de chef d’orchestre et doit constituer des groupes de travail pour que les collaborateurs deviennent acteurs de leur qualité de vie au travail et s’assurer de la mise en pratique des préconisations prises par les collaborateurs.
- Associé à la direction générale, il est également le garant de la culture de l’entreprise. Il doit s’assurer de l’alignement de la direction avec les valeurs qu’elle prétend défendre. Il doit également référer du degré de prescription des collaborateurs de l’entreprise (question type : « Est-ce que nos collaborateurs sont prêts à conseiller notre entreprise à leurs proches ? »), c’est d’ailleurs sur ce genre de KPI que son travail pourra être évalué.
Qu’est-ce qu’un CHO apporte à l’entreprise et aux collaborateurs ?
Il serait malhonnête de dire qu’un CHO est indispensable à chaque entreprise. Il existe des entreprises de petite ou moyenne taille pour lesquelles l’information circule très bien, le DG faisant office de CHO ; ou encore des entreprises plus grandes dans lesquelles les services RH et de Communication interne fonctionnent main dans la main pour diffuser la culture de l’entreprise et faire circuler l’information.
Cependant, ce n’est pas monnaie courante. Le CHO doit donc renforcer et accompagner l’entreprise pour qu’elle se recentre sur ses premiers prescripteurs : ses salariés.
Le rôle d’un bon CHO est d’offrir aux managers du recul pour se former aux nouveaux types de management (et détecter les points bloquants). Mais son rôle aussi est de sensibiliser les RH à l’intégration des Softsklills, à l’utilisation de nouveaux outils technologiques ou encore de s’attaquer à la notion de « sens » dans le travail. Enfin, un CHO peut accompagner un DG sur sa vision pour qu’elle reste en adéquation avec cet écosystème vivant et en perpétuel mouvement qu’est l’entreprise.
Existe-t-il des formations de CHO?
À date, il n’existe pas de formation reconnue par l’Etat. Pour autant, nous allons lancer nos propres formations dans les prochaines semaines. Si vous cherchez un CHO, n’hésitez pas à venir me voir !
Est-ce que le CHO n’est pas juste une mode ?
Quel que soit l’intitulé que l’on utilisera dans 5 ans pour qualifier ce poste de « représentant du bonheur au travail », je reste persuadé que la thématique de fond sera encore là, ancrée, tout comme l’est aujourd’hui le développement durable au sein des entreprises.
Quels sont les outils indispensables pour plus de bien-être en entreprise ?
Vaste question, à laquelle je ne pourrais malheureusement pas répondre : chaque entreprise est différente et son besoin l’est tout autant. Je préconiserais cependant de ne pas se perdre dans la surabondance d’outils en tout genre comme ont malheureusement tendance à le faire beaucoup de grands groupes. Isolez une problématique et trouvez des idées, voir un outil pour tenter d’y répondre. Cependant, si je devais en choisir un, je dirais que le premier outil à mettre en place serait un outil de mesure, car c’est avec lui que le métier de CHO trouvera sa crédibilité et son importance au sein d’une organisation.